
Le besoin de se rassurer ou l’envie d’innover peuvent vous pousser à faire des choix malheureux lorsque vous vous préparez à prendre la parole en public. Voilà un rapide tour d’horizon des trois erreurs à ne surtout pas commettre !
- La présentation improvisée : « Je ne songerais pas plus à paraître devant un auditoire à demi préparé qu’à demi vêtu » (Daniel Webster). L’improvisation est à éviter car elle vous met inutilement en danger. Même l’orateur le plus expérimenté risque de perdre confiance en un éclair s’il se présente devant son auditoire sans savoir ce qu’il va dire. Soyez certain que l’auditoire n’est pas dupe et qu’il le décèle immédiatement. Il ne se sent pas vraiment respecté par cet orateur qui « y va au talent » et le malaise s’installe très rapidement. De plus, l’improvisation vous conduit en général à dérouler un discours décousu, sans fond réel, à multiplier les hésitations et à faire en sorte d’éviter les temps de silence à tout prix. Enfin, il vous sera beaucoup plus difficile de répondre de façon pertinente aux éventuelles questions posées et l’auditoire comprendra, si ce n’était pas encore fait, que vous n’avez fait qu’apposer un vernis de savoir sur votre impréparation. Vous irez alors vous rasseoir avec un sentiment d’insatisfaction tout à fait naturel car en réalité vous ne méritiez pas de prendre la parole dans ces conditions.
- La présentation trop écrite : c’est le papier, le document informatique ou les diapositives surchargées sur lesquels vous avez écrit tout ce que vous allez dire, à la fois pour vous rassurer et pour être sûr de ne rien oublier. Or, cela ne convient pas du tout à la réalité oratoire. Vous aurez beaucoup de difficultés à vous libérer de ce long texte écrit et tomberez presqu’infailliblement dans la lecture pure et simple. L’auditoire sera alors noyé dans un flot d’informations qu’il aura entièrement oublié dès la fin de votre intervention. Privilégiez donc une feuille recto sur laquelle vous aurez noté de façon très synthétique les deux ou trois choses à ne pas oublier. Vous serez ainsi contraint de vous sortir de votre feuille et d’affronter votre assistance les yeux dans les yeux. L’idéal, au bout d’un certain temps d’entraînement, est de parvenir à dérouler sa présentation sans aucune note. Vous progresserez alors considérablement en technique oratoire.
- La présentation apprise par cœur : « Ce que l'on conçoit bien s’énonce clairement/Et les mots pour le dire arrivent aisément » (Nicolas Boileau), alors quoi bon vous compliquer la tâche par un apprentissage sur le bout des doigts de votre présentation ? Si vos idées sont claires, les mots viennent naturellement et spontanément. Lorsque vous parlez à quel qu’un dans la vie quotidienne, vous prenez le temps de penser à ce que vous voulez dire, puis vous parlez sans chercher vos mots. Vous le faites tous les jours sans réfléchir depuis des décennies. Pourquoi vouloir faire autrement face à un auditoire? Le public sentira si votre texte vient de votre mémoire ou de vos tripes, de votre envie de défendre le sujet. L’impact de votre présentation sera alors radicalement différent. Apprenez donc par le cœur plutôt que par cœur.
Ces trois présentations posent deux problèmes :
o Elles vous empêchent d’avoir un vrai recul sur votre sujet. Vous ne pouvez donc développer aucune souplesse intellectuelle dans leur présentation. Pour la présentation trop écrite par exemple, si l’on vous annonce au dernier moment que votre présentation est réduite de 10 minutes à 3 minutes, vous risquez d’être totalement désarçonné et d’être emprisonné dans un écrit de 10 minutes qui n’aura plus aucun sens sur 3 minutes.
o Elles ne vous permettent pas de parler au public comme vous parleriez dans une simple discussion. Vous vous privez ainsi du rythme et des inflexions naturels de la voix humaine. Or c’est cela qui fait respirer votre discours et permet à votre public de souffler un peu mentalement. Votre raisonnement est ainsi beaucoup plus facilement compris.
Bonne préparation à vous!